mercredi 9 novembre 2011

Améliorer une photo « grisouille »

Aujourd'hui, dans la série je bricole mes photos en espérant que ça va les améliorer :
Ma photo fait un peu « grisouille », comment régler ça ?

Prenons donc au hasard une photo d'Ingrid Bergman.
Image de départ.
Disons que le hasard est avec moi, que la photo est un bon exemple de ce que je veux montrer (elle est bien grisouille), et qu'elle est en noir et blanc (ça fait longtemps que je voulais parler couleurs, je vais donc essayer de commencer par le commencement avec la luminosité peut-être pendant quelques billets et, si je ne m'épuise pas en route, j'en arriverai à la couleur).
Pour les besoins de la démonstration, j'ai viré le cadre noir de la photo qui est sur Commons.

J'ouvre la photo dans GIMP (ça marche exactement pareil sous Photoshop) et j'affiche l'histogramme. S'il n'y est pas déjà, on peut le récupérer dans Fenêtres>Fenêtres ancrables>Histogramme.
Histogramme d'Ingrid Bergman.

En abscisse on a la luminosité (où le 0 représente le noir à gauche et le 255 représente le blanc à droite) et en ordonnée la quantité de pixels. Ce que montre l'histogramme d'Ingrid Bergman, c'est que le pixel le plus noir est gris et que le pixel le plus blanc est gris aussi, mais plus clair. Pour aller vite, le machin noir ne touche pas les bords.
Disons qu'une photo a idéalement cet histogramme en cloche à fromage, où l'essentiel est au milieu de l'histogramme et où le pixel le plus clair est blanc et le plus sombre est noir.
Histogramme théorique.

C'est très théorique, mais c'est l'idée. Si la photo est sombre, le gros de l'histogramme va se retrouver à gauche et si elle est claire, c'est à droite.
Niveaux.
Maintenant, voyons comment faire toucher les bords à l'histogramme d'Ingrid Bergman (pour le logiciel, ça va s'appeler « régler les niveaux » de l'image).
Ça se passe dans Couleurs>Niveaux (il y a une petite icône d'histogramme à gauche et un raccourci clavier sur la droite, pour ceux qui veulent avoir l'air sérieux la prochaine fois). Ça ouvre la fenêtre ci-dessous qui reprend l'histogramme, avec tout le matériel pour faire les réglages.

On ne va pas se servir de tout, on va juste commencer par la méthode dite « méthode bûcheron », qui a l'avantage d'être simple. On va se servir des trois petites flèches sous l'histogramme, celles sous lesquelles il y a des valeurs numériques (0 ; 1,00 ; 255).
La flèche noire qui est à 0 sert à régler le point noir et la blanche à droite, qui est à 255 fait la même chose pour le blanc. On peut entrer des valeurs au clavier si on veut jouer au warrior, sinon on peut glisser les flèches de droite à gauche à la souris.

Réglage du point noir.

Je ramène donc la flèche noire jusqu'à ce qu'elle indique le premier pixel noir de l'histogramme.

Je mets sur la capture d'écran la photo en haut à gauche (GIMP affiche les réglages, tant qu'on a coché la case « aperçu », ça donne une bonne idée de ce qu'on fait), la fenêtre Niveaux (où l'on fait les réglages) à droite et l'histogramme sous la photo (l'histogramme de la photo est en gris, tandis que l'histogramme de l'aperçu est mis à jour en noir, c'est pratique).

En pratique, j'ai assombri l'image dans l'ensemble, le pixel le plus sombre est maintenant noir. Du même coup, le pixel le plus clair (qui était gris) s'est aussi assombri. L'histogramme est réparti régulièrement entre la flèche blanche et la noire.

Réglage du point blanc.

Même chose avec la flèche de droite, mais de l'autre côté.
Maintenant, le pixel le plus sombre est noir et le pixel le plus clair est blanc.

On peut s'arrêter là, mais comme je trouve que la photo est bien sombre, je tente un dernier truc.
Si on descend encore le blanc (vous pouvez essayer), on va éclairer encore la photo, mais plus ça va, plus les parties claires vont être « brûlées » (irrémédiablement blanches, sans aucune donnée).


Donc j'essaye la flèche grise du milieu, qui fait la correction gamma comme montré sur l'image de droite (comme d'habitude, je ne comprends rien à Wikipédia qui compare les émulsions photographiques aux tubes cathodiques – qui utilise encore ça, sérieusement ?)

En pratique, la flèche marque le gris moyen (128) dans l'histogramme, donc si on la déplace vers la gauche, on augmente la portion d'historique à droite et on éclaircit l'image. De même si on pousse la flèche à droite, on assombrit l'image. Et tout cela en gardant le blanc blanc et le noir noir.

Une dernière remarque : c'est très pratique, mais il vaut mieux ne pas avoir la main lourde avec le gamma, parce que l'image devient assez vite funcky (comprendre vraiment pas top). Si j'ai un conseil, c'est de rester aux alentours de 1.

Réglage du gamma.
Pour en arriver à une valeur de 1,20, j'ai essayé jusqu'à ce que ça me plaise bien (il n'y a pas de recette miracle). Si j'allais plus loin, les parties sombres devenaient grises, si j'allais moins loin, la photo restait très sombre, c'est un compromis à trouver.

La photo comporte beaucoup de parties sombres, et sans surprise, le sommet de l'histogramme est déporté sur la gauche.

La même image, après réglages.
En voyant ce résultat, on peut se demander s'il n'aurait pas fallu rendre les machins derrière Ingrid Bergman carrément noir au lieu de les laisser dans les gris (il aurait fallu monter le point noir au-delà de 42 et sous-exposer la photo). Je m'en suis tenu au réglage « minimal » pour la démonstration. C'est une décision qu'il faut prendre au moment de faire les réglages.

Pendant tout ce temps, on a juste cherché à rendre la photo plus agréable à regarder. On n'a pas ajouté de données. À voir la tête de l'histogramme en fin de compte, on est même sûr d'en avoir perdu. Donc ce genre de réglage peut être utile (parce qu'en fin de compte, les illustrations sont faites pour qu'on les regarde, pas pour jouer au plus malin avec les données), mais il vaut mieux ne pas faire son réglage 250 fois, parce qu'au bout d'un moment la perte de données va finir par se voir.

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